-----Ma mère découpait le poulet, hachait les œufs et tartinait le pain avec le même couteau, sur la même planche, sans jamais utiliser d’eau de Javel
Et pourtant, je n'ai aucun souvenir d’avoir eu une intoxication alimentaire
Le dimanche c'était souvent “poulet frites”
Pas besoin d'aller chez un MC Do pour en manger
Nous aimions nos traditions
Nos sandwiches d’école étaient enveloppés et glissés dans un sac en papier brun, souvent récupéré des sachets de légumes achetés au marché,
Il n' y avait ni glacière ni compartiment réfrigéré
Nos goûters c'était du pain avec du beurre et quelques carrés de chocolat à l'intérieur
Et je ne me souviens pas avoir croisé la route d’une bactérie E.-coli
Nous aurions tous préféré plonger dans le lac, la rivière, ou courir sur la plage, plutôt que barboter dans une piscine chlorée où tout le monde est aglutiné et où il fallait payer pour entrer
D’ailleurs, les plages ne fermaient jamais à l’époque
On faisait du sport à l'école, pieds chaussés de simples baskets, sans semelles à coussins d’air, sans réflecteurs lumineux intégrés, ni gadgets dernier cri et qui ne coûtaient pas un bras à nos parents
Des blessures ? Il y en avait sûrement… Pourtant, je ne m’en souviens pas
À l’école, une faute se soldait par une punition
On appelait cela “la discipline”
Et nous avons grandi en respectant les règles, en honorant nos aînés et nos anciens
Nous étions trente, parfois jusqu'à cinquante par classe
Pourtant, nous avons tous appris à lire, écrire, et compter
Les tables de multiplications se savaient par coeur
Les devoirs étaient faits le soir
Et nous avons même appris à rédiger une lettre sans fautes
Étrange, n’est-ce pas ?
À la fin de l'année scolaire, y avait des kermesses avec des tombolas, et chaque Maman préparait un gâteau que nous étions si fier d'apporter
Il y avait un tableau d'honneur où les noms des plus méritants et des mieux notés étaient inscrits et valorisés, et faisaient leur fierté
Quelle que soit notre religion et nos origines, nous chantions l’hymne national et nous honorions notre drapeau
Et personne ne s’en offusquait
Rester en retenue après les cours suffisait à nous couvrir de honte
Je ne me souviens pas de m’être ennuyé sans ordinateur, sans PlayStation, sans Nintendo, ni Xbox, ni bouquet TV à 270 chaînes
L’ennui ? Il ne semblait pas exister
Et quand une guêpe nous piquait, où étaient les antibiotiques ou les trousses stériles ?
Il n'y avait rien de tout cela
La Maman sortait la bouteille d’iode, ou des recettes de grand-mère comme frotter de l'ail ou mettre du vinaigre sur la piqûre
Aujourd’hui, ce serait direction les urgences, et dix jours d’antibiotiques
On réglait les problèmes nous même sans avocat
C'était bien trop cher
Si il y avait une bagarre, ça en restait aux mains et à la loyale
Il n'y avait pas de couteaux ni de machettes
On jouait dehors jusqu'à une certaine heure, après quoi il fallait rentrer et nos parents y veillaient, et savaient toujours où on était
On pouvait se promener dans les rues même tard la soir sans avoir peur de se faire voler, violenter ou égorger
Aucun d’entre nous ne savait ce qu’était une “famille dysfonctionnelle” Comment l’aurions-nous su ?
Tout se réglait naturellement
On ne parlait ni de thérapie de groupe ni de gestion de la colère
Et le pays entier ne prenait pas de Prozac
Comment avons-nous pu survivre ?
Amour à tous ceux qui ont partagé cette époque
Et à ceux qui ne l’ont pas connue, désolé pour ce que vous avez manqué.
J'ai trouvé ce texte si beau, si juste et si vrai...